Marc Lavoine
Communiste et charmeur, cégétiste et volage : tel était Lulu, mon père.
Menteur aussi, un peu, beaucoup, passionnément, pour couvrir ses
frasques, mais aussi pour rendre la vie plus belle et inattendue. Lulu
avait toujours une grève à organiser ou des affiches à placarder. La
nuit venue, il nous embrigadait, ma mère, mon frère et moi, et nous
l'aurions suivi au bout du monde en trimballant nos seaux de colle et
nos pinceaux.
Il nous faisait partager ses rêves, nous étions unis,
nous étions heureux. Evidemment, un jour, les lendemains qui chantent se
sont réduits à l'achat d'une nouvelle voiture, et Che Guevara a fini
imprimé sur un tee-shirt. Le clan allait-il survivre à l'érosion de son
idéal et aux aventures amoureuses que Lulu avait de plus en plus de mal à
cacher ? Collègues, voisines, amies ; brunes, blondes, rousses : ses
goûts étaient éclectiques.
Lulu était très ouvert d'esprit. Sans nous en rendre compte, nous avions dansé sur un volcan. L'éruption était inévitable.
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